Vous vous souvenez de moi ?
Il faut que je vous donne de mes nouvelles, car entre Choupette, le chaton, et Eyesy, ben … il y avait moi aussi.
Savez-vous qui est Edward J. Schilling (1) ?
Carcan, collier élisabéthain, cône pour animal, ou collerette (1), vous savez ce que c’est ?!
J’ai vécu un calvaire horrible, traumatisant, handicapant, pendant 22 jours.
Conseil pour mes congénères à respecter impérativement : si votre famille vous menace de ce truc, écoutez-la ! Vous penserez à moi.
Je m’égare…
Commençons par le début…
A cette rentrée scolaire, cela fait trois ans que je suis dans ma famille pour la vie.
Je croque la vie à pleines dents, ou plutôt gencives, mais je garde les séquelles de ma vie d’avant, celle de la rue car, rappelons-le, un chat ne sait pas se débrouiller seul, malgré la croyance populaire.
L’année dernière, ma « moman » a dû me faire enlever toutes mes dents ;
et récemment, j’ai dû me faire amputer de mes deux oreilles.
Je vous vois me regarder bizarrement… ce n’est pas grave, ne vous inquiétez pas. Ma famille m’a accepté tel que je suis et m’aime toujours autant, si ce n’est pas plus !
Dès le début, la personne en blouse blanche nous a dit que j’avais un carcinome épidermoïde (2) sur mes deux oreilles blanches. Cette pathologie n’évoluait pas, jusqu’à l’apparition d’un « truc » :
Juste avant l’été, une fine et longue excroissance, pas belle, s’est mise à pousser.

Le 29 mai 2020, après consultation du vétérinaire, lequel a diagnostiqué un cor, celui-ci a été coupé à ras. Et cela a été le début de la fin… Ça me grattait… Je me soulageais… Une boule a poussé… Je la regrattais… Elle grossissait…
Le 25 août 2020, j’ai revu le vétérinaire, qui a osé me défigurer en me mettant une collerette. Un traitement antibiotique m’a également été prescrit pendant dix jours. Le but : espérer que la boule diminue.
Puis, une décision a été prise : l’amputation de mes deux oreilles (je vous évite tous les détails, rebondissements et questionnements de ma « moman »).

Le 4 septembre 2020 : l’opération a été effectuée et a été un succès !
Vous me regardez à nouveau bizarrement… je vous promets que c’est rien, je vais vraiment très bien… et je ne suis pas sourd !
Pour moi, le seul calvaire a été cette collerette. Croyez-moi, vingt-deux jours avec cet objet de la honte, cet instrument de torture, ont été pires qu’horribles quotidiennement. Je ressemblais à une parabole sur pattes. Et on ne rigole pas, merci…
Heureusement que ma « moman » a été là pour moi, aux petits soins (ça, je dois dire, c’était le pied !). Et je le lui rendais extrêmement bien : j’ai été encore plus câlin qu’auparavant !
Vous l’aurez compris : l’amputation n’était rien à côté du port de cet engin.
Concrètement, j’ai juste ressenti différemment les bruits, la sensation auditive étant perturbée par l’absence de mes pavillons externes. Mais au bout d’un ou deux jours, il n’en était plus rien.
Le 16 septembre 2020 : on a pu me libérer de l’objet de la honte (supporté pendant vingt-deux jours)… et là, mmmhhh, quel double soulagement ! Pourquoi double ? Ben déjà, pour la pleine liberté enfin retrouvée de tous mes mouvements quels qu’ils soient, et aussi parce que je n’avais plus du tout envie de me gratter : plus rien ne m’agaçait au niveau de mon oreille ! Je me suis senti libéré et c’est peu dire, croyez-moi !

Le 18 septembre 2020 : on m’a enlevé les derniers fils…
Si jamais l’un de vos chats doit se faire amputer des oreilles, sachez que ce n’est « rien ». Nous autres, les félins, nous nous habituons plus facilement aux situations. Le problème, c’est la peur de notre humain, qui se pose mille questions. La peur est normale et légitime, mais je suis toujours en vie. N’est-ce pas cela l’essentiel ?
Ne faut-il pas voir ce que l’autre a dans son cœur, plutôt que l’apparence ?
Saviez-vous qu’un chat dit « différent » a autant de bonheur à vivre et à offrir qu’un chat dit « normal » ?
Saviez-vous qu’un chat des rues sauvé vous le rendra au centuple ? Lisez mon histoire et interrogez-vous… Vous, m’auriez-vous aidé ? Un petit clin d’œil pour remercier Estelle, ma première « moman » de cœur, qui s’est battue pour moi.
Quinze ans, plus de dents ni d’oreilles, mais une volonté et une joie de vivre incommensurables de combler ma famille de bonheur et de câlins quotidiennement en roucoulant : c’est moi !
A très vite dans les vidéos mensuelles de l’association, sur la page Facebook des Chats libres de Nîmes Agglo.
Vous ne m’aviez pas reconnu ? Maintenant, vous savez que j’ai toujours un œil sur l’association.
Tous mes remerciements vont à l’association Les Chats libres de Nîmes Agglo, qui m’a sauvé à deux reprises d’une mort plus que certaine. Merci d’avoir pris en charge les frais vétérinaires (ceci dans le cadre d’une adoption seconde chance uniquement). Merci du fond du cœur d’avoir été là pour moi et pour ma famille, et de croire en moi.
Vous souhaitez aider mon association ?
Toutes les aides sont les bienvenues ! De même, un petit don, même minime, reste indispensable, car comme vous le savez, l’association ne reçoit pas de subventions. Les bénévoles ont toujours essayé de trouver le moyen de gagner de l’argent avec des ventes diverses : confections de confitures, de masques, de jeux pour les chats, de bijoux, le calendrier, les ouvrages, etc. Vous pourrez retrouver tout ceci ici : https://www.chatslibres.com/nimes/boutique/Merci d’avance pour votre aide, quelle qu’elle soit.
Dimanche 20 septembre 20. Misou, alias Mimi, sous la plume de Christine H.
Kesako ?
Alors pour ceux et celles que ça intéresseraient :
(1) La collerette apparut au début des années 1930 aux Etats-Unis, lorsqu’un vétérinaire nommé Edward J. Schilling utilisa une collerette sur un chien après une chirurgie, afin d’empêcher ce-dernier de lécher sa plaie. Il nomma cet accessoire « collier élisabéthain », en référence à la Reine d’Angleterre Elisabeth I (1533-1603), qui portait de larges cols formés de plis ou de godrons. Aussi appelées « fraises », ces collerettes étaient placées autour du cou afin de mettre en valeur le visage de celui ou celle qui la portait.
Schilling fabriquait les collerettes à la demande en utilisant des gilets de sauvetage gonflables ou encore des chambres à air. Par la suite, il eut l’idée d’utiliser une fine feuille de plastique et de l’enrouler autour du cou de l’animal pour former un cône.
Le premier brevet concernant une collerette pour animaux fut déposé en 1962 aux Etats-Unis par Frank L. Johnson.
Depuis, les formes et matériaux de la collerette ont évolué, mais le but de son utilisation reste inchangé.
(https://www.chatsdumonde.com/sante-du-chat-56/les-collerettes-pour-chat-19564.php)
(2) Le carcinome épidermoïde est une tumeur cutanée maligne, due aux coups de soleil, une forme de cancer de la peau qui se situe au niveau de l’épiderme, se développe rapidement et peut s’avérer particulièrement invasif. Il est susceptible de se métastaser s’il n’est pas pris à temps.