La belle histoire de Millefeuille, le chaton qui avait décidé de vivre

 

 

 

 

 

 

 

 

SOUVIGNARGUES – Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire de vie de Millefeuille, petite chatte gris tigré à poils mi-longs. Nous l’avons trouvée dans notre cour, seule et abandonnée par sa mère que nous n’avons jamais pu identifier. Elle avait environ un mois, plus de poils et des croûtes sur tout le corps. Infestée de puces, elle souffrait aussi d’un coryza très avancé, ses yeux étant complétement fermés par d’épaisses croûtes sèches. La grosseur de son ventre pouvait signifier la présence de vers, mais aussi de la Pif. La maman, ne sachant que faire d’elle, s’en était remise à nous en la laissant au milieu de notre cour.

Immédiatement, nous avons compris que son âge et son état lui laisseraient guère de chances. Nous possédons, à la maison, une pharmacie qui nous permet de soigner le coryza, avec antibiotiques et pommades. Les chatons en sont tous généralement atteints. Mais se posait à nous la question du dosage, compte tenu de sa fragilité. Elle tenait dans la pomme d’une main que nous aurions presque pu refermer ! Nous avons décidé de nous rendre en urgence au cabinet vétérinaire de Sommières. Le praticien, effrayé à la vue de l’état dans lequel se trouvait ce petit chat, nous a dit qu’il était certainement trop tard et pensait qu’il serait raisonnable de l’euthanasier. Mais pour nous, elle était vivante ! Nous sentions en elle une envie de se défendre face à l’inéluctable… Mais nous pensions néanmoins, comme le vétérinaire, qu’un drame s’annonçait. Nous avons commencé par décroûter ses yeux avant de prendre une décision. Cela n’a pas été facile à accomplir, malgré l’emploi de produits adéquats pour éliminer des croûtes épaisses et dures qui semblaient être nées avec elle.

Enfin, tout s’en est allé. Première petite surprise : de tout petits yeux sont apparus. Pour autant, le vétérinaire a fait la moue, n’y croyant toujours pas. Il s’est alors emparé de son appareil pour contrôler ses yeux. Deuxième surprise : ils étaient indemnes ! Millefeuille devait voir la lumière pour la première fois ! Bien sûr, elle n’était pas sauvée pour autant, et avait besoin d’un traitement et de soins très attentionnés. Millefeuille avait cette envie de nous aider en résistant par son désir de vie. C’est en cela que consistait aussi le travail de Christine. En effet, le vétérinaire nous a transmis une ordonnance et les doses d’une première série d’antibiotiques à injecter pendant six jours, la première piqure ayant été faite au cabinet. Il a également donné au chaton un antipuce et un vermifuge adaptés à son poids. Nous sommes repartis avec Millefeuille plus confiants que lui pour ce qui concernait ses chances d’avenir : sa résistance et son envie de vivre parlaient pour elle et ses deux yeux n’étaient pas atteints ! Elle s’est immédiatement lovée dans le creux de l’épaule de Christine, qui est devenue à la fois sa maman et son réconfort immédiat.

 

 

 

 

 

 

 

S’en est suivi, pour Christine, un premier combat pour dispenser les soins appropriés à cette petite chatte, qui a duré pas moins de deux mois. Un jour, je ne sais pourquoi, il lui est venu à l’idée de l’appeler Millefeuille (pas le gâteau, mais la plante). Elle m’a dit :
« Elle n’a pas de poil et la plante appelée millefeuille, connue pour ses nombreuses feuilles qui se superposent, représente tout à fait son contraire ! Cela lui donnera l’envie de se remplumer… » J’ai d’abord souri à l’évocation de ce curieux prénom, qui plus tard lui a donné raison, tant il est joli et lui va si bien.Par pudeur, nous n’avons pas pris de photo au départ. Si elle ne survivait pas, ce genre de souvenir serait trop triste. Les deux premiers clichés datent d’un mois plus tard, alors qu’elle s’était remplumée. Son poil mi-long donnait encore plus de sens à son nom, mais le coryza ne lui faisait pas de cadeau… Ensuite, Christine a mené un combat de soins et d’affection. Millefeuille grandissait peu, mais dans sa chambre, elle montrait son caractère et l’envie de s’imposer. Quand, le soir venu, arrivait l’heure du repas partagé avec  Apollon et Imany, Christine préparait trois assiettes qu’elle déposait dans cette chambre réservée aux chatons qui seraient mis à l’adoption. Millefeuille « giclait » sur une assiette, prenait une boulette qu’elle partait manger sous le lit, puis « giclait  » à nouveau dans une autre assiette, sans égard pour les plus grands, pour faire de même… et ainsi de suite, jusqu’au rassasiement final ! Ce spectacle nous faisait rire de bon cœur. Elle est tombée sous le charme d’Apollon presque dès le début, le nom de ce dernier lui allant, à lui aussi, comme un gant. Elle ne le quittait plus, mais comme Apollon s’est mis à circuler dans la maison et à revenir dans sa chambre à la demande, Millefeuille a commencé à l’attendre derrière la porte et à courir derrière lui à chacun de ses retours, pour lui faire savoir combien il lui avait manqué. C’est devenu un rituel ! Apollon montait sur le lit, Millefeuille le suivait en se lovant tout contre lui qui, complice dans l’affection, posait une patte protectrice sur elle.
 

 

 

Finalement, Christine est venue à bout du coryza de Millefeuille, qui a survécu et qui est en train de rattraper sa croissance normale. Elle est âgée de quatre mois et demi sur les cinq photos suivantes, qui ont été prises cette semaine. Le petit caractère volontaire qu’elle a toujours mis en avant dans sa bataille pour rester dans la vie est toujours présent aujourd’hui chez cette petite femelle très coquine et craquante.

Ces derniers jours, elle jouait beaucoup avec Gisou, devenue Misty depuis son adoption le 20 janvier 2017.

Désormais en bonne santé, elle va pouvoir elle aussi prétendre à l’adoption et atteindre le saint Graal de vivre dans une famille aimante, à laquelle tout un chacun, beau ou moins beau, mériterait d’avoir droit. Tous n’ont d’autre but que de nous remercier de notre humanité, bien souvent bafouée par nos actes.

Des histoires comme celle de Millefeuille, nous en avons connues plus d’une tout au long de notre parcours d’aidants, à l’instar de beaucoup d’autres familles d’accueil de l’association. Ce sont des combats qui semblent quelquefois dérisoires et si compliqués quand ils sont sans fin… mais nous sommes récompensés quand nous recevons des nouvelles, même douze ans plus tard, de chatons adoptés qui sont devenus des chats adultes vieillissants et heureux de vivre au sein de familles responsables et aimantes.

Pour l’adoption de Millefeuille, comme pour celle de Gisou qui est partie ce vendredi, nous recherchons une famille sérieuse. Nous n’avons pas donné suite aux nombreuses demandes qui nous sont parvenues durant les fêtes de Noël, car offrir un chat en cadeau représente pour nous un non-sens : ce genre de démarche n’a rien de fiable et la sérénité du chat a peu de chance d’être assurée tout au long de sa vie.

Le 24 janvier 2017.

 

 

 Millefeuille a été adoptée trois jours plus tard par une famille d’Avignon, à la suite de l’annonce narrant son histoire. C’était le 27 janvier 2017.

Articles recommandés