« Chez les chiens comme chez les humains, il y a des personnages, des caractères et surtout des surprises.
Cet après-midi nous a permis de le constater une fois de plus et pour le bonheur de tous.
Tout a commencé par deux collègues qui repèrent, depuis leur bureau, deux chiens couchés dans les feuilles mortes, au pied d’une haie qui les sépare de la voie rapide. La route en question est très fréquentée à cette heure de la journée, car c’est celle qui mène à Avignon, « le périphérique » — chacun le nomme comme il veut.
Un des chiens, le plus gros, marron foncé, gratte les feuilles pour se faire une couche confortable. L’autre, plus petit, se couche sur une bâche abandonnée là. Le terrain vague d’un côté et la haie de l’autre, ils sont bien tranquilles, au point que les deux collègues pensent le gros chien blessé ou malade.
On alerte une troisième personne qui connait un peu les associations locales et qui téléphone : oui, le plus petit des deux chiens est bien connu de la SPA et du Bonheur des 4 pattes ; c’est une femelle, repérée depuis deux mois déjà. On sait qu’elle est en chaleur et une capture est prévue ce week-end, avec du renfort. Le gros doit être son amoureux du moment.
Les filles décident d’essayer de les attraper en sortant du bureau et elles les surveillent depuis leur fenêtre.
16 h 30 : deux autres personnes prennent la suite et se mettent à la recherche de laisses pour attraper les toutous, mais personne n’a cela dans sa voiture, ni croquette, ni rien. Tant pis, on va sacrifier un paquet de gâteau.
Elles entrent sur le terrain vague, à 70 mètres environ des chiens, et les appellent : le gros se lève, content, mais sa copine décide que c’est louche et elle l’emmène, traversant la route tout de go. Stress et désarroi chez les deux novices, qui se pensaient suffisamment loin pour ne pas leur faire peur…
Qu’à cela ne tienne ! On prend les voitures et on va aux Sept collines : ils ne sont pas loin. On ne va pas laisser tomber non plus !
Et cela se confirme : ils sont sur le trottoir, devant les magasins. Cette fois-ci, la bénévole en herbe a compris : elle ne va pas se montrer entièrement et elle contourne les chiens en se cachant d’eux, tapie derrière les voitures garées. D’ailleurs, si vous avez vu une femme en talons hauts avancer à moitié à genoux derrière votre véhicule aux Sept collines, maintenant vous savez ce qu’elle faisait… Elle s’approche et leur parle doucement. Le gros vient, tout content, mais de nouveau, la femelle part brusquement. L’amour étant aveugle, il la suit sans hésiter. La bénévole n’a même pas le temps d’attraper son collier…
Et là, se produit un événement que les deux chiens en cavale n’ont pas imaginé : ils se savaient suivis par une personne, mais ne s’attendaient à tomber sur deux autres en passant le coin du bâtiment ! Deux jeunes femmes, que leur présence a littéralement galvanisé. Elles ont sauté sur leur téléphone pour appeler la troisième comparse et en même temps, ont touché les chiens du bout des doigts, leur ont parlé, très impressionnées par la taille des loulous. En gros, elles étaient tout aussi désemparées qu’eux, sachant qu’il fallait faire quelque chose, mais n’osant pas.
Du coup, les chiens se sont arrêtés à leurs pieds. Le gros labrador était très content de l’intérêt qu’il suscitait, réclamait des caresses, et la chienne n’a pas cherché à fuir. Après tout, elle était avec des gens qui avaient aussi peur qu’elle !
L’assistante vétérinaire a contacté la propriétaire du labrador et il est rentré chez lui. Il était en cavale depuis hier.
La toutoune n’a pas de famille et va sûrement en attendre une depuis un refuge, à moins qu’une famille d’accueil se manifeste pour elle. Elle est gentille et a même fait des léchouilles durant le transport, cherchant la main pour l’avoir sur elle…
Deux mois d’errance se terminent pour elle. Toute la petite équipe lui souhaite de trouver rapidement sa famille pour la vie, car elle le mérite !
Et vous qui lisez ces lignes, surtout n’oubliez pas : si nous avons réussi à aider ces deux chiens malgré notre grande inexpérience et nos maladresses, c’est vraiment parce que tout le monde peut faire quelque chose pour un animal en détresse.
Aujourd’hui, cinq personnes au total ont fait ce qu’elles pouvaient avec ce qu’elles avaient, et ça a marché. Alors pourquoi pas vous ? «