Voici des nouvelles de Mirabelle :
![]() Ici, on lui enlève le pansement. |
Mirabelle, souvenez-vous, a été opérée d’un cancer des mamelles.
Certes, au moment de la remettre dans la cage, elle s’est défendue, car depuis quinze jours, il s’est agi d’une expédition douloureuse pour elle. Une fois chez le vétérinaire, le stress l’a tétanisée. |
![]() Ici, on lui enlève les fils. |
Il a été facile de manipuler Mirabelle. Sur la table, ce fameux stress lui faisait perdre ses poils par touffes. On oublie souvent, parce que ce sont des animaux, la peur qu’ils ressentent au même titre que nous. Le voyage médical est bien pire pour eux, car c’est un voyage vers l’inconnu qu’ils ne peuvent pas appréhender de façon réfléchie. |
![]() Enfin, de retour dans la chambre, soulagée, rassurée et au calme. Photos de Mr Moulin Jacques. |
De retour dans la chambre, rapidement cette fois, elle est revenue vers moi pour se faire câliner, et m’a fait quelques lèches sur la main en ronronnant avec un regard de remerciement craquant qui n’a pas d’égal venant d’un animal de la rue. Pour elle, la vie continue après cette aventure à grand risque qui l’a métamorphosée. Libérée de son manteau médical, elle me suit partout, monte sur mes genoux quand je suis devant mon clavier, m’admire en me contemplant de ses regards amoureux et fait de moi son héros. Évidemment, Mirabelle quitte la rue et vient grossir le cheptel de la maison. Merci à vous, Mme Breye, et à l’association des Chats Libres de Nîmes Agglo pour permettre l’espoir à tous ces animaux par une main tendue à la tendresse d’une humanité véritable. Le 14 janvier 2016 |
QUAND L’ESPOIR LAISSE PLACE AU DÉSESPOIR
« C’est l’âme torturée et le cœur en miettes que je vous annonce la perte de Mirabelle. Mirabelle est cette petite chatte noire commune à nos rues qui vivait dans notre village et dans notre cour depuis 6 ans, restant sauvage par prudence des hommes, mais qui se laissait parfois voler une caresse au moment d’un repas,le regard triste et à l’écart des autres. Mirabelle est cette petite chatte noire que nous avions piégée en décembre. Nous nous étions aperçus d’une grosseur au niveau mammaire et nous l’avions faite opérer avec votre aide. Il s’agissait d’une tumeur sans métastases apparentes sur les radios, ce qui signifiait qu’il était possible de la sauver. Je vous avais adressé des photos de ma chérie opérée avec ses bandages, car j’avais décidé de la garder à la maison, dans ma chambre, avec moi.
S’étant d’abord réfugiée sous le lit, fuyant les trois autres occupants qui rejoignaient ma chambre pour la nuit, elle avait fini par monter sur la couette, puis s’était laissée doucement caresser au bout de quinze jours. Je l’avais retrouvée, un matin, couchée à hauteur de mon visage, sa joue contre la mienne. Cette position était dès lors devenue un rituel dès que je me couchais. Son regard, les yeux dans les yeux, se faisait langoureux, et un ronron de bien-être semblait toujours me dire merci.
Jeudi dernier, elle a été prise de spasmes respiratoires soudains. Je n’ai depuis pratiquement fait que des nuits blanches. Dès le vendredi, je l’ai amenée chez le vétérinaire, dont je n’ai pas accepté le diagnostic : ses poumons étaient atteints par des métastases cancéreuses qui la condamnaient irrémédiablement. Je n’accepte d’ailleurs toujours pas cette réapparition subite de la maladie, alors qu’elle n’aurait pas dû avoir de suite.
Dans la douleur et les larmes, je l’ai accompagnée, ma joue contre la sienne, comme lors de nos nuits, quand elle s’est endormie pour toujours, ses yeux dans les miens, avec un regard affectueux qui continue à me hanter à l’instant où je vous écris, les yeux embués de larmes.
J’ai croisé la vie de Mirabelle, petite chatte noire commune de la rue, durant quelques années. J’ai partagé son intimité durant presque quatre mois, quatre mois où seul un animal, qui pourtant n’a pas le don de parole, peut exprimer autant de sentiments dans les yeux quand il s’adresse à vous, dans sa douceur à poser sa joue contre la vôtre avec, pour récompense, un soupir d’amour qui vous donne cette impression d’être le plus chanceux de recevoir un tel cadeau.
J’ai mal, très mal de son absence, que je ressens comme comme une injustice quant à mon droit d’aimer plus longtemps cette petite chatte noire de la rue, devenue Mirabelle juste le temps de ne jamais l’oublier ».
Jacques Moulin, le 10 avril 2016