Comment j’ai apprivoisé (j’espère) Mascarou.
Mascarou a des convictions et des principes, le tout dans un corps à la Giacometti, mais en modèle réduit.
Pourquoi ce nom ? Sa robe écaille de tortue évoque la mascarade et le OU… final peut être prolongé, modelé et entendu du haut de la colline. Il m’a fallu deux tentatives pour arriver (j’espère) à mes fins.
La première avait mal commencé : grimper de rideaux, nombreuses cachettes introuvables et invraisemblables. Au bout de huit jours, les rideaux n’étaient plus assaillis, mais les trente mètres carrés de sa chambre étaient une prison. J’ai ouvert la porte, lui ai présenté le jardin, et malgré quelques marques d’affection créées entre nous… liberté… liberté chérie…
Elle a retrouvé ses habitudes. Au gré de ses humeurs, Mademoiselle allait et venait dans les jardins, grattant semis et plantations, chapardant dès qu’une maison était ouverte. Elle dérangeait beaucoup. Âgée d’un an et stérilisée, elle semblait adoptable pourtant.
Il y a une quinzaine de jours, on a pu l’attraper et j’ai réessayé. Miracle ! Elle a retrouvé la chambre, la litière honorée quotidiennement, et moi petit à petit acceptée car affinités. Elle a compris qu’en sautant sur la poignée, la porte pouvait s’ouvrir et que les chats de la maison étaient inoffensifs. Et enfin, après quelques jours de libre circulation maison – jardin, elle semble heureuse, ronronne et ne me quitte plus. Elle répond à son nom si elle est en excursion : une vraie chatte libre, droite dans ses quatre bottes, mais sensible à l’affection que je lui ai portée.
Sans doute est-ce moi qui ai été mise à l’épreuve. Il faut que ce beau fixe se confirme, et alors je me résignerai à lui chercher un autre foyer. Si j’avais dix ans de moins, je n’y songerais même pas. Elle dort à côté sur la terrasse, elle est heureuse et moi aussi.
Annick Le Breton (Chats Libres de Monoblet) – Le 31 août 2016.