Malabar, une vie de misère et d’amour

malabarLui, il m’appelle SDF.

Elle, elle dit Malabar ou Mimi pour les intimes.

Elle, je l’aime bien. Elle comprend que je suis un mal-aimé, méfiant, prudent mais pas méchant.
Lui, je sais pas. Il se méfie de moi, mais je sens qu’il me respecte.
J’ai bien vécu auprès d’eux, surtout elle, qui me soignait et me donnait à boire et à manger en période de disette.

J’ai perdu une jambe, elle m’a aidé. J’ai chopé des morpions, elle m’en a débarrassé. Au fil du temps, entre nous, la confiance et l’affection sont arrivées. Je veillais sur elle de loin. Elle veillait sur moi d’aussi près que je me laissais approcher.

La semaine dernière, on m’a arrosé d’hydrocarbures et évidemment, je me suis nettoyé comme j’ai pu. Mais ça m’a rendu malade. Comme si ça ne suffisait, pas un autre sdf m’a collé un gnon et j’ai failli perdre mon œil.

Avec l’aide de l’association, Elle m’a fait soigner, Elle m’a lavé pour que je m’en sorte.

Je ne m’en suis pas sorti.

tombeJe suis mort hier.

Et la barbarie de l’homme qui m’a tué n’a rien à envier à celle de tous les barbares de l’histoire du monde.

J’ai oublié de vous dire : je suis MALABAR, le chat errant qui mangeait les rats dans la cour des magasins, près des Sept collines.

Bernard.
Chats libres de Nîmes. 20 juillet 2015.

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