L’oublié du square

« Le Planet », en plein centre-ville de Saint-Laurent-d’Aigouze.
Un chartreux se trouve dans un état pas possible, blessé à la patte arrière, incapable de courir et de se nourrir. En pleine chaleur. Il attend que cela se passe, s’en allant à petit feu, au su et au vu de tout ceux qui passent devant lui.
Déjà la semaine dernière ; je l’ai aperçu pour la première fois depuis la voiture. Après l’avoir fait manger, j’ai tenté et loupé sa capture de peu, car il était terrorisé :  une voisine est passée et m’a cassé la baraque ! J’en ai profité pour lui demander à qui était ce chat malade qu’il fallait aider.
« Ah bon, je ne savais pas qu’il y avait un chat ici ! Il n’est à personne du coin. »
Tu parles ! Avec son pelage gris-bleu, il est difficile de passer à côté de lui sans le voir. On le voit très bien de loin… mais personne ne s’en préoccupe.
Aujourd’hui, quand j’ai su que je serais à nouveau dans le quartier, j’ai croisé les doigts pour qu’il soit encore là et toujours vivant.
Il y est encore… Il a du mal à se lever et se laisse caresser. Il est tellement affamé qu’il entre tout seul dans la caisse de transport. J’appelle les Chats libres de Nîmes agglo et hop, direct chez le vétérinaire !
Je le baptise Valérian. Il aura un foyer : Élisabeth l’attend déjà chez elle. En attendant, le voilà placé sous perfusion durant tout le week-end et pris en charge en soins intensifs pour sa patte. Il souffre de plaies sur tout le corps, dues à des poux broyeurs qui le dévorent littéralement sur place.
Après quatre jours de soins et de repas réguliers, une masse apparait à l’abdomen et la radiographie confirme une tumeur intestinale. De plus, il est diagnostiqué FIV positif et sa plaie à la patte ne se referme pas… Sans aucune chance de rémission, nous devons nous résoudre à le faire partir sans souffrance. Je reste vingt minutes avec lui, pour lui offrir son ultime moment de tendresse. Visiblement, il se souvient du bien que cela fait. Nous nous comprenons mutuellement.
Il s’endort sous mes caresses.
VALÉRIAN, ce soir, repose à côté de Fernand.
Il était l’un de ces chats « bonbons », qui se laissent faire avec délectation… C’était un chat amour qui ne demandait qu’à être aimé et qui vous laisse un souvenir impérissable. Ce fut aussi bref qu’une étoile filante, mais tellement chargé de sentiments…
Je pense à ce que l’épreuve de la rue a dû représenter pour lui, alors qu’il n’était pas du tout taillé pour.
Il avait environ sept ans et un caractère en or. Il s’est retrouvé dehors, comme tant d’autres.
Mon seul regret est que nos chemins ne se soient pas croisés plus tôt… quand il était encore temps de le sortir de là !
Jean-Denis, le 31 juillet 2017
Ce mois-ci est une terrible période pour les chats de la rue, car vivre dehors n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. Partout et à tout moment, la mort rôde et menace à cause de la maladie, des attaques de chiens et de la malveillance humaine.

Nous le savons, mais c’est toujours très difficile à supporter. Des images horribles défilent à longueur de journée sous nos yeux ; nous devons donner des autorisations d’euthanasie alors que nous faisons tout pour les sauver ; nous lisons dans le regard et la posture de ces minets tant de souffrance… Quand allons-nous nous réveiller ? Nous avons beau crier au scandale — il y a pas d’autre mot pour qualifier la façon dont la nation traite les chats des rues, tout en se cachant derrière des décrets et des lois non respectées —, rien n’y fait.  Quand allons-nous enfin manifester notre soutien aux plus faibles, même si ce plus faible est un animal et même si cet animal est un chat ! Quand allons-nous ne plus les laisser subir, seuls et misérables, une vie d’enfer… sous nos yeux ?

Aidez-nous à les aider !

Pour Valérian, Diego, Minette

Articles recommandés