Il a réussi à se placer au milieu d’un passage privé
Il me gratifie d’un son rauque et chevrotant en guise de miaulement
Vendredi 26 mai 2017 – Je rentre tranquillement à la maison quand, sur le trottoir, j’aperçois un chat qui marche bizarrement, la tête basse, le regard fixe. Je l’appelle… il ne détourne même pas la tête et continue, de son pas hésitant, à longer le mur de clôture de la rue Cambon. Vite, je me gare et je prends un sachet de nourriture pour chat que je viens juste d’acheter en me disant : tu n’as pas remis la caisse de transport pour chat dans la voiture !
Arrivée au niveau du chat, je réalise qu’il a réussi à se placer au milieu d’un passage privé, empêchant ainsi une voiture de passer !
J’accoste la conductrice et lui demande si elle connait ce chat. Alors commence une longue discussion pour savoir à qui il appartient, s’il y a longtemps qu’il traine comme cela, peut-elle me prêter une caisse vu qu’elle habite juste là, etc. Mais c’est long… et il faut gagner la confiance des humains qui ne comprennent pas souvent que l’on puisse vouloir aider un animal que l’on ne connait pas.
J’essaye également de garder le chat prés de nous… Je me baisse, le grattouille sur le dessus de la tête et il me regarde avec son seul œil valide. Il me gratifie d’un son rauque et chevrotant en guise de miaulement mais, malgré tout, on devine bien sa détresse… Il se lève comme s’il était dégouté de voir que nous ne comprenions rien et disparait dans la haie de la maison voisine. Zut !
J’abandonne là la conductrice et ses questions…
Je sonne … rien. Je sonne encore… toujours rien. Pourtant j’entends la télévision !
Il est bien évident que l’on ne me prêtera pas de boîte de transport. De plus, il sera impossible d’y mettre le chat, car mon chien se trouve dans la voiture. En effet, ce chat ne peut pas savoir que mon chien a compris depuis bien longtemps et bien plus vite que n’importe quel humain que tout ce qui vit a le droit d’être aidé et de monter dans notre véhicule ! Je décide de rentrer et de revenir bien équipée.
J’entends une respiration bizarre.C’est bien lui
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Samedi 27 mai 2017.
Je suis bien revenue hier soir, mais j’ai pas trouvé le chat et je n’ai pas réussi à me faire entendre, malgré les appels et la sonnette qui devait donc être aphone… Donc, ce matin, je suis à nouveau là et bien décidée à repartir avec le minet.
J’appelle, je sonne, je fais mine d’essayer de rentrer, j’appelle le chat… et je me retrouve vite entouré de minets, mais pas du « mien », celui que j’ai baptisé Cambon.
Le chat de la rue n’a pas vraiment de nom, sinon celui de la rue où il vit.
Finalement, on finit par me remarquer et par venir m’ouvrir. Le sourire n’est pas là, mais peu importe.
Tout en expliquant mon histoire de chat, j’avance et je le cherche des yeux quand j’entends soudain une respiration bizarre. » Il est là, je l’entends » ! Eh oui, c’est bien lui. La veille, il ne faisait pas ce bruit. Son cas s’est encore aggravé.
Le chat mis dans la boîte de transport, on me dit : « Vous n’allez pas le tuer ! On l’aime ce chat. Nous le nourrissons depuis si longtemps… » Que répondre à cela ? Rien !
Il est tellement faible
Le stress, la fatigue extrême et le corps qui ne suit plus du tout…
Je repartirai la boîte vide et les yeux pleins de larmes
La vétérinaire ausculte le chat, mais il est tellement faible, tellement maigre. Il est vieux et son cœur est fatigué, ses poumons bien pris. Il souffre d’un abcès sur le côté et porte des plaies sur tout le corps… Les reins sont fichus… On arrête là les tests et analyses. Au même moment, le chat se trouve mal. Le stress, la fatigue extrême et le corps qui ne suit plus du tout…
Je repartirai la boîte vide et les yeux pleins de larmes, pour un chat de la rue que tout le monde connaissait et voyait dépérir, mais pour lequel personne n’aura levé le petit doigt.
« Qui va payer ? m’avait-on demandé.
— Pas le chat, il n’a pas d’argent,vous voyez bien… Sinon, il y a belle lurette qu’il aurait fait comme vous quand vous êtes mal : il serait allé se faire soigner. Ne vous inquiétez pas, il ne vous demandera rien…
— Bien, bien, vous allez nous le ramener, car nous, on l’aime bien ce chat… »
Je ne l’ai pas ramené.
Je lui ai murmuré à l’oreille : « Ne t’inquiète pas… Là haut, tu verras, il y a plein de copains qui t’attendent et tu seras bien. »