Je n’ai pas de nom, j’ai 4 mois.
Je suis né dans la rue. Nous étions sept avec mes frères et sœurs. Trois d’entre eux ont déjà disparu : les voitures, ça ne pardonne pas pour des petits chatons comme nous…
C’est dimanche et je traverse la route. Je ne vois pas le danger, je ne sais pas ce qui m’arrive ! Une roue énorme vient de me projeter. Il y a eu un bruit sec dans mon corps et depuis, j’ai horriblement mal.
Je me traine péniblement sous une voiture pour me mettre à l’abri. Les nourrisseuses m’ont vu. Elle essayent de m’attraper, mais j’ai peur. Après beaucoup de temps, elles finiront par me mettre dans une boîte et elles appelleront les Chats Libres de Nîmes. Vite le vétérinaire de garde !
Mais il est trop tard pour moi. Ma colonne vertébrale est fracturée. On me murmure à l’oreille que cela va aller, que je n’aurai bientôt plus mal. Cette main qui me faisait tant peur me caresse tout doucement, on dirait ma maman. Bizarre, je remarque que ces humains ont les yeux qui coulent quand ils me regardent. J’ai peur…
Si ma maman avait été stérilisée, je ne serais pas né et surtout, je n’aurais pas souffert pendant ces quatre mois. Maman m’avait bien dit que la vie était dure, qu’il fallait toujours se battre jusqu’à l’épuisement.
Maman était l’une des filles de Minette et elle savait qu’elle était née pour souffrir et mourir.
Corinne, Suzanne et Marie.