Je suis infirmière à domicile, et ce matin entre deux patients, j’ai croisé toute la misère du monde.
Terré sous les voitures de ce quartier d’habitations, ce chat attend l’heure de sa mort. Maigrissime, noir de crasse et d’huiles de moteurs, totalement édenté par l’âge ou la maladie (?), nez obstrué, bavant son pus…
Il a miaulé avec faiblesse en entendant l’ouverture de la boîte de pâtée, il connaît ce bruit, il a eu une famille, il a peut-être même été « aimé »… Mais sans odorat, et plus assez de forces pour avoir de l’appétit, il devient impossible à attraper seule et sans piège ; il se glisse toujours plus loin sous la voiture…
Je tente tout de même un bon quart d’heure, les patients m’attendent, c’est jour de marché, le quartier est animé mais personne ne s’arrête, personne ne nous jette le moindre regard !
Ont-ils peur que je leur demande leur aide ???
Je reviendrai cet après-midi avec mari et enfant, et s’il est encore là, on tentera de lui venir en aide… Le glas a déjà sonné pour lui, mais il ne sera que le 32e chat de la maison si le vétérinaire ne l’euthanasie pas dans la semaine pour abréger ses souffrances ; soyons sûrs qu’il ne nous encombrera pas bien longtemps !
Ah mais si quelqu’un était intervenu plus tôt quand il avait encore de l’odorat et la force de manger, il aurait été facile à piéger ! Des pièges, toutes les associations en prêtent ! Même pour lui offrir une ultime piqûre chez le vétérinaire, ç’aurait été plus humain que détourner le regard !
Des humains, il y en a plein dans ce quartier, et ça ne coûte pas grand chose d’emprunter un piège et le déposer chez le vétérinaire ; si aucune association n’a de place pour le prendre et si on ne veut pas le prendre en accueil temporaire, la fourrière se serait chargée de l’euthanasier, ç’aurait déjà été plus humain que le laisser crever à petit feu !
Eh bien non, personne ne s’est retourné suffisamment sur la détresse de cet animal pour lui venir en aide !
Pas le temps ? Ah ! Car moi j’en ai du temps ? 70 heures de travail la semaine dernière, j’en suis à ma 30e heure cette semaine quand je croise le minou !
Pas les moyens ? ça coûte quoi d’emprunter un piège ???
On entend toujours pareil : « j’ai déjà un chien », « j’ai deux chats qui ne partagent pas », ah parce que mes 31 chats vont apprécier ce nouveau venu, c’est certain !!!
Les excuses pour ne pas porter secours, il y en a des tonnes !
Non, je n’ai pas choisi d’avoir autant de chats, tous issus de sauvetages, tous stérilisés, et moi aussi j’ai un mari qui râle et des enfants qui préféreraient peut être aller à la rivière plutôt que de courir après le chat ce dimanche après-midi ! … Non, en fait, mes enfants ne me pardonneraient pas si je leur montrais ces photos en disant qu’on ne va pas retourner chercher le chat ! L’empathie, ça se transmet, il parait !
Alors veuillez excuser ce post coup de gueule, ou notre air si souvent aigri à nous bénévoles, mais des fois, on n’en peut plus !
Savez-vous combien de chats attendent une place en famille d’accueil et combien de demandes d’aide nous recevons chaque jour en plus des chats que nous trouvons, comme celui-ci, et que bizarrement, personne d’autre n’a vu ?
Des dizaines ! Des dizaines quotidiennement pour les Chats Libres de Nîmes Agglo ! Et pire, cela concerne toute la France, voire l’Europe et même à l’international, le problème de la misère féline !!!!
Une chose à retenir ? Réapprendre à tendre la main, car sans vous tous, on n’y arrivera pas ! Et comme dit Marie-Claude : « Si vous ne pouvez pas adopter, hébergez ! Si vous ne pouvez pas héberger, parrainez ! Si vous ne pouvez pas parrainer, soyez bénévole ! Si vous ne pouvez pas être bénévole, faites un don ! Si vous ne pouvez pas faire un don, sensibilisez, et diffusez sur le Net ! TOUT LE MONDE peut faire quelque chose pour contribuer à sauver une vie ! »
Alors pitié, ne détournez pas le regard ! Et merci à vous qui nous donnez encore la force de croire en l’Humain…
Attends-nous minou, on revient ! Si on le retrouve, on vous donnera des nouvelles, à vous qui nous suivez régulièrement. Et si on ne le retrouve pas, on sollicitera votre aide pour le retrouver. Serez-vous là ?… (Estelle Gabarel)
Pour nous aider, vous pouvez nous contacter à admin@chatslibres.com, vous pouvez également adhérer à l’association et donner ainsi du poids lors des diverses négociations, vous pouvez faire un don déductible à 66 % de vos impôts …. Vous pouvez faire famille d’accueil, ou encore bien d’autres choses. Alors si vous aussi vous êtes révoltés suffisamment pour vous dire : je veux moi aussi agir, eh bien agissez… mais tout de suite !
Deux heures plus tard, le minou a été piégé sans difficultés, il a vu la caisse de transport avec une douce serviette, du thon et des mots apaisants, et il est rentré… Même pas eu besoin du piège… Le voici dans la boîte, fini la rue pour lui !
Estelle a baptisé le minet Diego. Nous allons essayer de le sauver, du moins de le soigner et si l’on peut, lui trouver une famille. Pour cela, nous avons besoin d’aide : si vous voulez faire un don pour Diego, vous pouvez le faire en notant au dos du chèque « pour Diego », (chèque à l’ordre des chats Libres de Nîmes Agglo) 9 rue Lafayette 30230 Rodilhan ou par virement bancaire, ou par virement Paypal en notant toujours pour Diego. Nous vous adresserons un reçu fiscal à la fin de l’année qui vous permettra de déduire 66 % de la somme que vous avez offerte à Diego de vos impôts.
Il ne faut pas que tout les efforts d’Estelle soient vains ! Sauver une vie à un coût, mais cela vaut la peine, surtout pour celui qui possède cette vie… merci pour Diego !
Et comme une misère n’arrive jamais seule, voici une minette qui l’accompagnait cet après-midi. Elle est elle aussi en très mauvais état, mais semble aller mieux que lui quand même. Faute de place, nous l’avons laissée et en appelons à vos partages pour lui trouver une famille d’accueil qui saura lui prodiguer des soins jusqu’à sa mise à l’adoption. Elle sera piégée mercredi ou jeudi si nous trouvons un accueil fiable pour elle (NB : les familles d’accueil signent un contrat d’accueillant avec l’association). Merci par avance d’en parler autour de vous ! Nombreux sont les chats à la rue qui attendent des accueillants ! Nous ne sortons de la misère que ceux qui sont dans les pires états, mais préférerions ne pas attendre jusqu’à leur mort…
(Estelle Gabarel)