Blanco et ses amis chats vivent dehors dans un quartier de Nîmes, où seules les voitures servent de pseudo abri. Enfin, quand celles-ci ne se révèlent pas meurtrières, comme pour son copain tigré, dont le bruit du choc frontal est resté gravé dans la mémoire de leur nourrisseur et des deux bénévoles présentes ce soir là, ou bien encore pour les chatons qui, en quête d’un peu de chaleur, montent dans les moteurs et « voyagent » avec terreur à l’intérieur. Donc oui, parfois, les voitures servent d’abri, après tout il ne reste que ça… Un autre copain de Blanco, tigré lui aussi, a été martyrisé par des enfants du coin. On a rapporté qu’il a volé dans les airs. Maintenant, il ne fait plus confiance en l’humain et cela lui sauvera peut-être la vie. Mais de ce fait, il n’est plus adoptable et ne saura jamais ce qu’est la chaleur d’un radiateur et d’une main posée sur le dos. Les maladies et les disparitions inexpliquées planent aussi sur la troupe.
Ce groupe de chats a cependant une chance : une personne veille du mieux qu’elle peut sur eux. Elle donne nourriture, amour et réconfort à ceux qui sont sociables et demandeurs d’une affection connue jadis. Elle a même confectionné un abri de fortune pour qu’ils aient de quoi se parer du mistral. D’accord, les gens viennent déposer leurs ordures contre la paroi et l’autre jour, le feu a failli s’y propager. Mais il existe et il est nettoyé de ses déchets, je vous laisse deviner par qui. Ici, il n’y a pas grand-chose, mis à part les arrêtes saillantes des graviers, quelques rares buissons qui survivent eux aussi et, encore, des déchets par ci par là.
Maintenant, vous vous demandez pourquoi j’écris tout cela ? Parce que avant-hier matin, Blanco a été stérilisé. Je l’ai récupéré dans l’après-midi et mis dans ma salle de bain pour qu’il puisse dormir au chaud et reprendre au mieux des forces. Le soir, il a eu à manger et il a fait des câlins avec une intensité qui voulait tout dire… Blotti contre moi, les yeux fermés, ses pattes agrippaient en douceur mon bras pour me faire comprendre : « Ne me pose pas, je suis bien là, je ne te connais pas, mais tu vois, je suis heureux contre toi… », le tout agrémenté de ronrons. Le lendemain de bonne heure, la mort dans l’âme, j’ai rendu Blanco à la vie urbaine et ses dangers. Une fois libéré, il m’a à nouveau gratifiée de reconnaissance en se frottant dans mes jambes. Lui tourner le dos pour rejoindre la voiture et le voir me suivre fut le pire moment. Je ressentis comme lui l’injustice de cet abandon et me sentis honteuse de le faire, alors que ces sentiments devraient être ceux de ses anciens maitres…
Les familles d’accueil surchargées ne connaissent que trop bien cet état de fait qui nous ulcère. Nous, les personnes sur le terrain, voulons voir enfin évoluer la situation. Les politiques se doivent d’intervenir, c’est leur rôle. Pourquoi ne le remplissent-ils pas, alors que de plus, nous leur fournissons la solution : rendre obligatoire la stérilisation ?
Il va sans dire qu’un chat aussi gentil que Blanco est à l’adoption sur notre site.