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Au début, chaton, tout allait bien pour moi. J’étais dans une famille avec le confort et l’attention que tout le monde accorde à une petite boule de poils toute noire ; on s’intéressait beaucoup à moi ! On me prenait dans les bras, et je faisais rire avec ma façon de jouer.Puis j’ai grandi et suis devenu un jeune adulte plus sage et j’ai senti que je recevais moins de caresses, que mes gamelles étaient mises devant la porte et qu’on me laissait de plus en plus souvent dehors. Je n’étais plus la « peluche vivante » qu’on aimait câliner ni le centre des attentions et je commençais à en souffrir car moi je suis un affectueux qui ne demande qu’à être câliné. A un an passé, je restais toute mes journées mais aussi mes nuits dehors ; été comme hiver. Ma famille me trouvait trop pénible avec ma litière « qui sentait mauvais » d’après eux et qu’il fallait acheter et changer, mon couffin qui prenait de la place dans le séjour avec mes gamelles de croquettes. Dehors, j’étais toujours seul à attendre qu’ils sortent le matin et qu’ils rentrent le soir pour les entrevoir sans jamais pouvoir rentrer avec eux ; pourtant j’en avais si envie ! Ils me donnaient ma pâtée rapidement avec parfois un petit mot et une caresse furtive du bout des doigts. Ils n’avaient plus de temps pour moi. Je devenais un étranger mais je m’en accommodais car j’avais toujours de quoi manger et ils étaient toujours ma famille.Puis un weekend il y eut un va et viens inhabituel avec des fourgons dans lesquels ils ont mis les meubles que je reconnaissais. J’étais très intrigué mais aussi un peu inquiet.
Puis ils sont tous partis pour ne jamais revenir. Me laissant là ! seul ! Moi leur chat si gentil et si affectueux qui ne demandait rien de plus qu’un peu d’affection de leur part.
J’ai dû mon salut grâce à deux voisines qui ont vite compris que j’avais été abandonné et qui ont acceptées de me nourrir. J’ai fait alors comme j’avais l’habitude de faire : attendre résigné sur le parking devant l’appartement où j’avais grandi. Dormant où je pouvais au chaud comme au froid sans jamais pouvoir être tranquille complètement. Vivre dehors expose à des dangers multiples et fait vieillir rapidement… J’ai tout subi et enduré pendant ces 7 longues années; les maladies, gale d’oreilles, coryza, coups (cote cassée), infection à la mâchoire, bagarres avec d’autres mâles (transmission du FIV). J’ai beaucoup souffert du froid et de la pluie, mon corps s’est dégradé rapidement mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est de ne plus avoir d’affection ; moi qui suis si câlin et affectueux, j’en crève petit à petit !
Cet automne, j’ai été très mal. Maigre, malade et sale car je ne pouvais plus me lécher, je sentais mes forces me quitter à tel point que les voisines m’ont confectionné un abri de fortune pour pouvoir tenir au froid et m’ont même soigné.
Je n’étais pas très beau à voir lorsque je l’ai vu s’approcher. Il y a bien longtemps qu’un inconnu ne s’était pas intéressé à moi. Il s’est occupé de mon état pendant 2 semaines tous les jours et m’a redonné confiance et le gout des caresses et de l’affection que je n’avais pas oublié. J’étais à nouveau en attente et prêt à le suivre un jour puisqu’ il me donnait son affection sans retenue et que je ne demande que ça.
C’est ce qu’il a fait en m’amenant d’abord chez le vétérinaire pour me soigner et me soulager de mes douleurs, puis en me confiant à la famille d’accueil qui m’attendait. Maintenant avec eux, je peux me laisser aller et rendre au centuple et de toutes mes forces toute l’affection et l’amour qui m’a tant manqué. J’ai patienté éperdument pour pouvoir revivre ces instants pendant 7 longues années….
Jean.Denis – (longue vie à toi Bagherra)
Les chats libres de Nîmes – Janvier 2014. |