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Rodilhan – 4 klm de Nîmes – Connaissez vous l’émission : « Dans les yeux d’Olivier » ? Olivier Delacroix pose un regard atypique sur notre société et sur ceux qui la composent.
Ugolin est un personnage… pardon ! Un chat… qui communique, réfléchit et ajuste son comportement à la situation qu’il vit. Il pose lui aussi un regard pertinent sur les êtres humains.
Voici ce qui m’arriva, lorsque malgré moi, je me suis retrouvée avec un nouveau chat chez moi, non prévu au programme ! |
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Régine déboule à la maison, ouvre la trappe et un chat, du moins ce qu’il en reste tant il est sale, gluant, maigre et fuyant, sort précautionneusement de son piège.
Il vient d’être stérilisé et soigné. Il a été sorti de son secteur, car des voyous le lapidaient régulièrement afin de le tuer, comme ses autres compagnons d’infortune. La bouche envahie d’ulcères, il ne peut manger que de la pâtée et encore, avec mille précautions, malgré la faim qui le taraude. Une puanteur incroyable emplit la pièce. Ce pauvre minet a également une diarrhée plus ou moins chronique. Il est vraiment sale. Il ne peut pas se nettoyer, car sa bouche le fait trop souffrir. Pour compléter le tableau, comme si cela ne suffisait pas, il souffre d’une gale des oreilles qui a déjà rongé l’une d’entre elles. « Cela lui confère un air canaille, tu ne trouves pas Régine ? » ? Il faut bien essayer de trouver un point positif à la situation…
Eh bien, de quel cadeau… pardon, fardeau… je viens d’hériter ! Mais je ne peux pas redéposer ce chat sur son lieu de vie, qui deviendrait assurément son lieu de mort… Il n’y a pas non plus de place en accueil, car il a été diagnostiqué très contagieux. Je ne peux pas l’abandonner, comme tant d’autres… Certains jours, nous ne parvenons plus à absorber tant de misère, réalité inconnue de la plupart des êtres humains qui ferment les yeux et nous jugent comme des débiles qui n’ont rien d’autre à faire que de s’occuper des chats ! « Honte à ceux qui s’occupent de jeter les chats dehors ! » me souffle le minet. « Ce sont les mêmes censeurs ! « Il n’a pas tort ! |
 
On aperçoit Ugolin juste derrière les deux « gros »… C’était le premier jour où il s’aventurait dehors !

Ici, j’ai un peu triché : sur cette photo, Ugolin a déjà presque doublé de poids depuis son arrivée ! |
Un dialogue s’est vite instauré entre le chat et moi-même.
- Moi : allez, viens me voir, minet ! Sors de dessous le lit, car je fatigue, moi, allongée ainsi devant ce lit pour essayer de te voir…
- Le chat : eh bien, où suis-je tombé encore ? Elle se prend pour un chat et essaye de me rejoindre sous le lit ! Va falloir que je lui explique que question souplesse, même en mauvais état, je fais mieux qu’elle !
- Moi : allez, viens me voir ! Cela fait déjà dix jours que tu te planques ! J’aperçois tes yeux… ils sont beaux, dis donc ! Allez viens, je t’aime bien, tu sais. Tiens, je vais t’appeler Ugolin, comme dans Manon des sources de Pagnol… Tu sais, c’est le film dans lequel Ugolin crie : « Je t’aime Manon, je t’aime d’amour ! »
- Le chat (donc Ugolin) : mazette ! Elle se prend pour Daniel Auteuil maintenant ! En fait, c’est juste un caméléon raté et c’est sur moi que ça tombe ! Dix jours pour qu’elle me trouve ce prénom ridicule… J’en connais qui vont miauler de rire, moi !
- Moi : quand tu seras décidé, tu viendras avec les autres, car honnêtement, il est bien difficile de te soigner et de faire de toi un chat plus convenable… Donc, à toi de jouer Ugolin !
- Ugolin : bon, bref… cela veut dire que si je veux continuer à gameller, va falloir que je me farcisse le reste de la tribu féline des gros ventres… allons y ! (je n’ose pas imaginer que lorsqu’il parle de gros, cela concerne Grinoulet, mon gentil minet couleur chartreux un peu enveloppé !)
- Moi : il est bizarre ce chat ! On dirait qu’il comprend quand on lui parle…
- Ugolin : alors, je sors en faisant attention qu’elle ne me touche pas. Je vais filer en douce, car les deux gros aux moustaches insolentes sont capables de me faire la peau. Je vais aller me planquer dans le panier que j’ai entrevu en arrivant, car je suis sûr qu’une minette y loge… Je crois avoir compris qu’elle s’appelle Dodo… encore un nom à coucher dehors !
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- Moi : va falloir que je m’occupe de lui expliquer qu’il est ici juste en transition. Ici, c’est un « orphelichat », comme dit la copine Anne-Line ! Bon alors Ugolin, il faut que l’on parle tout les deux. Cela fait trois mois que tu es chez moi, tu vas bien, tu t’es bien « remplumé », tu deviens un beau minet croisé maine-coon chat norvégien, comme l’avait prédit le vétérinaire et… il faudrait que… enfin… bon… allez, on en reparlera plus tard : le téléphone sonne !
- Ugolin : la pauvre, elle s’est attachée à moi. Il faut dire que je suis un beau chat qui a de l’humour, qui sait être câlin juste ce qu’il faut. Et puis, il faut le reconnaître : j’ai de la croquette (bouteille en humain) ! Cette humaine est un peu comme moi : elle semble un peu perdue et finalement, on se complète. Elle me donne amour, caresses et pâtée à volonté ; les copains m’ont bien accepté, les minettes ne sont pas nombreuses mais sympas… Je me demande quelle mouche la pique pour que je doive trouver ailleurs ce que j’ai ici ! Elle ne va quand même pas m’abandonner, elle aussi ? Je vais lui faire comprendre que ce serait moche de sa part et que je ne manquerai pas d’en faire part à la confrérie des Chats libres de Nîmes ! La honte, je ne vous dis que ça ! Et si je lui faisais un « je-te-cajole-avec-le-museau », un « je-me-tortille sous-ton-nez » pour lui faire comprendre qu’elle est ma Manon à moi ?
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- Moi : au fait, tu te souviens de ta copine de misère dans ton terrier urbain ? Eh bien, j’ai dû la rentrer, car elle a perdu un œil !
- Ugolin : ne me dis pas que c’est un jet de pierre ?
- Moi : Si Ugolin… tu sais, l’homme est tellement stupide qu’il est capable du pire, même avec les plus proches de sa famille… Alors tu sais, un chat …
- Ugolin : donc, si je comprends bien, tu aimerais que je libère la place pour que tu puisses t’occuper de ma copine ?
- Moi tout doucement : c’est un peu ça…
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- Ugolin : t’inquiète pas ! Il y a un moment que je t’observe et honnêtement, tu me fais bien rire ! Toujours à courir à droite et à gauche, toujours à essayer de trouver une solution, même là où il n’y en a pas. Tu essayes même de donner du temps à ta famille à deux pattes et bien évidemment, c’est à notre détriment, ce qui, pour moi, est une grosse erreur ! Mais que veux-tu… tu es une humaine ! Un peu différente des autres, c’est vrai. D’ailleurs, avec tes copines et copains de l’association, c’est comme cela que vous dites, vous êtes tous bizarres ! Un peu comme si vous aviez un défaut de fabrication ! D’ailleurs, certains vous le précisent avec des mots que je ne peux pas écrire ici, car Dodo serait choquée !
- Moi : tu sais Ugolin, je crois bien que tu es un chat hors du commun et si j’arrive à te trouver une famille super, juste faite pour toi, il faudra que tu saisisses ta chance ! Je ne serai jamais bien loin et peut-être même que nous pourrons nous voir de temps en temps. Tu pourras venir en vacances ici, si tu veux !
- Ugolin : alors, je vais poser façon Prince au petit pois sur mon triple coussin… comme ça, la nouvelle famille saura que l’on me doit considération. Je veux bien déménager, mais il faudra que l’on me donne de la pâtée, à cause de ma bouche fragile bien que je mange aussi quelque croquettes ;-).(En réalité Ugolin est un grand gourmand !) Il suffit que l’on me dise NON pour que je comprenne ce que je ne dois pas faire. J’aimerais bien avoir quelqu’un qui aime garder un chat sur les genoux… tu ne peux pas t’imaginer comme c’est bon de se faire gratouiller d’une main, tandis que l’autre t’empêche de tomber ! Je veux bien un ou deux copains et s’il n’y en a plus, je veux bien être chef… tu as vu, hein ? Ici, je suis le chef, mais tes chats n’ont pas compris ! Au fait, j’ai 5 ans, tu le leur diras bien… et dis-leur aussi que tu auras toujours un œil sur moi !
- 16 décembre 2016
- des nouvelles d’Ugolin adopté le 4 février 2017.
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