
Adieu, petit Marcel.
Tes yeux rubis te donnaient un regard étrange. Doté d’un doux pelage gris et blanc, tu étais assurément un beau chat libre. Pendant toutes ces années passées à la rue, là-bas dans ta friche sur le plateau, nous avons veillé sur toi. Geneviève, Andrée et moi avons partagé ta vie tous les jours durant presque sept ans.
Tu as été nourri, abreuvé, câliné et soigné quand il le fallait, car tu souffrais régulièrement de poussées inflammatoires au cou, qu’il fallait traiter à la Bétadine. Toujours fidèle à notre rendez-vous du matin, tu sortais le premier de ton sous-bois en bondissant tel un lièvre tout en nous gratifiant d’un MIAOU aigü de contentement, avant de t’étirer langoureusement de tout ton long. Tu étais câlin et affectueux seulement avec nous, heureux de vivre ainsi.
On a pourtant bien essayé de te mettre en famille à plusieurs reprises, mais impossible pour toi de vivre entre quatre murs. Tu basculais aussitôt en mode «panique» et tu devenais au fil des jours agressif et prostré, alors que ce n’était absolument pas ton caractère.
Seule comptait ta liberté, là-bas sur ton plateau, dans les massifs de lauriers, libre et sans contrainte, à la rue avec tes demi-frères et sœurs nés comme toi sans maître.
C’est donc là que tu as vécu selon ton envie au fil des saisons et du temps qui passe.
Tu descendais souvent plus bas sur l’avenue pour retrouver la compagnie d’autres vétérans de la rue que tu connaissais très bien. Bref, tu avais tes habitudes et nous avons eu nos rencontres avec toi pendant tous les beaux jours de cet été, un de plus ! Puis, soudainement, début septembre, plus rien !
Tu n’es plus jamais réapparu et nous ne t’avons plus aperçu. Aucun de nous ne t’a revu. Nous t’avons cherché, appelé partout, avons demandé aux uns et aux autres que nous connaissons, en vain. Il a bien fallu se résoudre à envisager le pire, car jamais tu n’avais manqué à l’appel.
Que t’est-il donc arrivé ? Il existe tellement de menaces pour un chat comme toi. Empoisonnement ? Mauvaise rencontre ? Ou, plus naturellement, maladie, AVC… ?
Nous ne le saurons probablement jamais. C’est souvent ainsi que « partent » les chats libres. Sans prévenir, à pas feutrés. Malgré notre tristesse, nous pensons que l’essentiel, c’est notre vécu avec toi ; c’est d’avoir pu te rencontrer petit et t’accompagner tout au long de ta vie de félin, libre et digne, en dépit de la rue !
Nous t’avons donné toute l’affection que tu attendais avec impatience. Car, tu le savais, nous étions là tous les jours pour toi ! Adieu, petit Marcel.
- Denis, Geneviève et Andrée, octobre 2021.