mardi 15 juin 2021 : Je suis un tout petit chaton âgé d’un mois.
J’ai le coryza. On m’a découvert tout seul dans le jardin d’une dame, qui nourrit des chats errants. On n’a jamais vu ma mère. On m’a dit : « Elle t’a abandonné, car tu es moche. » Mais je sais que c’est impossible pour une maman. Il y avait sûrement une bonne raison à cela, puisqu’elle vit dehors. Cela n’a pas dû être simple pour elle. Elle a pu être tuée par une voiture ou faire une mauvaise rencontre.

Je suis malade, j’ai les yeux larmoyants, tout collés, et je respire avec difficulté. J’ai le nez pris.
Le coryza m’affaiblit, je ne suis pas capable de me nourrir et je manque d’énergie. Il fait, de plus, une chaleur insupportable.
J’ai été remarqué par la dame qui nourrit les chats.
Un homme est avec elle. Il se dirige vers moi et me prend dans ses mains.
Je me retrouve par la suite chez le vétérinaire, mais il n’a pas voulu me soigner. Alors, on m’a redéposé dans le jardin sans même essayer de me nourrir ou même de me donner de l’eau. La nature fera le reste…
Je suis resté cinq jours dans ce jardin avant qu’une jeune femme vienne me récupérer pour prendre soin de moi.
C’est une bénévole de l’association.
.

J’ai été nourri et réhydraté avant mon rendez-vous chez le vétérinaire, qui travaille avec l’association.
On m’a hospitalisé pendant trois jours, car mon anus ne s’étant pas formé correctement à ma naissance, mes selles ne pouvaient pas s’évacuer.
Le lendemain de l’opération, je suis resté sous le contrôle des vétérinaires.
Quand je les entendais rentrer dans la pièce, je venais vers eux pour avoir un peu de tendresse et c’était avec joie qu’ils m’en donnaient.
J’ai aussi été traité contre les puces, la gale, les vers et, bien sûr, le coryza.
La jeune femme est revenue me chercher. J’allais mieux, j’avais pu récupérer l’énergie qui me manquait pour vivre correctement

Aujourd’hui, tout va bien pour moi : j’ai de la nourriture à volonté, je mange à ma faim et je bois lorsque j’en ai besoin.
Je suis propre, et je vais à la caisse tout seul.
Je joue aussi et je vadrouille dans l’appartement et sur la terrasse.
Je fais ma petite vie !
Et de temps en temps, quand j’ai besoin d’affection, je me débrouille pour qu’un « deux pattes » me papouille sur la tête, le ventre, etc.
Je n’ai pas l’habitude de tout cela. J’apprends petit à petit, c’est tout nouveau pour moi. J’adore !
Quelques jours passent. Tout va bien pour moi. Ma famille d’accueil prend soin de moi.
J’adore jouer avec les balles qui ont des grelots à l’intérieur.
Je me réfugie dans un grand tunnel pour jouer ou faire mes siestes.
Et puis je cours ! Je cours dans tout l’appartement. J’explore un peu plus chaque jour les autres pièces.
Je commence petit à petit à me rapprocher de cette jeune femme qui est là pour moi.
J’apprécie ses petites caresses dans mon cou, son doigt qui touche mon nez pour m’exprimer son affection.
La nuit, je viens me coucher à côté de son visage pour dormir.
Justement, à un moment précis, elle s’est réveillée, m’a regardé toute contente et m’a caressé.
J’ai un petit plaisir depuis que je suis ici : manger de la pâtée !
Je suis un chaton gourmand.
Les jours passent et je suis de plus en plus à l’aise, je prends mes marques, je revis !

mardi 23 juin 2021 :
Aujourd’hui, je me sens un peu mal, j’ai des douleurs au ventre et je n’arrive pas à évacuer mes selles.
Je vais à la caisse assez souvent pour essayer, mais rien.
Malgré cette douleur qui perdure et ce besoin que je ne peux assouvir, je joue, mais un peu moins ; je mange avec moins d’entrain, je ronronne beaucoup auprès de Marion quand elle vient me caresser et me prendre dans ses bras. J’ai tellement besoin d’aide et d’être rassuré !
Je pense qu’elle a remarqué que quelque chose n’allait pas, car je ressens son inquiétude.
Marion me prend dans le lit auprès d’elle dans une petite couverture, mais je ne veux pas rester, je veux continuer à vadrouiller et jouer cette nuit. Encore un peu. J’ai tellement envie de vivre !
Le lendemain, au réveil, Marion s’approche de moi. Elle me tient dans ses bras. Je suis en sécurité.
On se dirige vers la clinique vétérinaire.
Une dame à l’accueil nous prend en charge, pose des questions sur mon état de santé.
Marion me fait des caresses, m’embrasse et me confie à cette dame pour qu’on me vienne en aide.
Je suis avec le vétérinaire. Il me regarde, palpe mon ventre et sent que des selles dures se sont accumulées dans mon colon.
C’est ce que j’avais vécu la première fois où Marion m’avait amené chez le vétérinaire.
J’avais été soigné et on avait eu l’espoir pour que cela ne se reproduise plus, car j’étais bien.
Jusqu’à ce que cela ressurgisse…
Ce problème récidive et récidivera et chaque fois, je souffrirai.
L’avenir qui m’attend ne sera que souffrance, malgré l’amour d’une famille. Ce n’est pas suffisant. Ma santé ne sera pas bonne et je vivrai plus de souffrances que de raison.
Peut-être même que je ne survivrai pas longtemps…

Le vétérinaire a recommandé à Marion et à Laure de me laisser partir…
J’ai vécu les plus huit plus beaux jours de ma vie aux côtés de ma famille d’accueil et je pars avec de bons souvenirs.
On a essayé de me sauver, mais la maladie a gagné.
Je ne souffre plus et c’est ce qui m’importe.
Marion, mercredi 23 juin 2021.