

Tout comme l’idole, tu es parti toi aussi ce matin. C’est tout naturellement que je t’ai donné ce prénom ; mais toi, personne ne t’a aimé ni même prêté attention…
Tu as été un beau « chat libre » aux yeux clairs. Tu as dû être le caïd de ton quartier !
Toujours sans toit ni maître ; tu as vite vieilli et la dure vie de la rue t’a rendu plus vulnérable et finalement gravement malade.
Comme tous tes congénères dans le même cas, tu as lutté en silence, seul. Avais-tu le choix ?
Personne n’est venu te soulager. À quoi bon ! Tu faisais partie du décor.
Heureusement, comme tous les bénévoles des Chats libres de Nîmes Agglo, nous avons toujours le regard affuté pour vous dénicher, vous les souffre-douleur que fabrique notre société. Je t’avais repéré par hasard l’été dernier, mais encore vaillant, tu nous avais échappé.
Tu ne pouvais pas savoir que nous voulions déjà te soigner.
Puis, tu as disparu pendant de longs mois, jusqu’à ce matin glacial : -2°C. Recroquevillé dans un tas de feuilles, tu cherchais à te réchauffer aux faibles rayons d’un soleil d’hiver.
Tu étais là ! Mais tu étais invisible, comme toujours aux yeux de tous qui passaient à côté !
Tu t’es laissé porter et emmener facilement chez le vétérinaire. Ta bouche infectée t’empêchait de boire et de manger depuis des jours et des jours… Tes reins étaient morts.
Tu étais un écorché vif sur pattes. Il n’y avait malheureusement plus aucun espoir ni d’autre issue que de t’aider à partir sans souffrir davantage.
Le vétérinaire t’a endormi pour toujours en te donnant la dernière caresse que tu as accepté.
Toi, le Petit Johnny, chat « libre » prisonnier de la ville et des humains.
Jean-Denis Miquel – Le 6 décembre 2017